J\'écris, donc je danse

J\'écris, donc je  danse

Dalila et Samson, par exemple » d’Hermann Diephuis

« Crée en 2005 dans le cadre du festival de danse de Cannes, la pièce «Dalila et Samson, par exemple » était au programme de la troisième soirée des Dialogues de corps 2010.

 

 

 Rarement, une chorégraphie sur le nu n’avait autant touché le public africain au point de le soumettre qu’à des observations dithyrambiques. Cette scène du nu, bien que la toute dernière de ce duo dansé par Dalila Khatir et Herman Diephuis (danseur dans sa propre pièce,  aura été la plus remarquable, par la grande subtilité de la chorégraphie, la sobriété du propos et la beauté des images que les corps produisent au contact, recourbés, puis allongés au sol en avant scène. La grande intelligence des lumières - éclairant faiblement le mouvement et laissant les corps rejaillir de leur propre lumière- aidant, le spectateur est plus porté à voir ce que les corps dessinent, dans ce nu qui se réduit finalement à un soupçon. Et c’est tant mieux !

La danse y tire profit, de la précision remarquable des gestuelles, rappelant les célèbres peintures baroques en Occident, souvent avec des personnages de barrons. Il y a juste une table et une chaise. Ensuite deux personnages, tout de noir vêtus, avec des cols blancs qui superposent les tenues. Le regard du danseur est souvent impressionnant et incisif. Il fixe la salle dans des mouvements figés, la tête légèrement tournée, tandis que le corps est de profil. Plus d’une demi-heure, la danse se concentre en fond de scène et tourne qu’autour de la table et de la chaise. Elle prendra enfin ses marques quand des pas religieux et synchronisés puis la superbe note classique offerte par la voix de la danseuse, permettent aux deux de pousser la table au cœur de la scène. Un oratorio dansé, bien soutenu par cette évocation biblique et baroque.

La vraie provocation d’Herman Diephuis est de rappeler qu’il faut voir le nu à travers les images produites par le corps. Et s’il existe enfin des nus qui intéressent le public africain, cela mérite réflexion.

Dieudonné Korolakina



17/12/2010
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