J\'écris, donc je danse

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Lebau Boumpoutou : « L'audience de la culture congolaise dépend fondamentalement de la volonté politique des autorités nationales »

 

 

Lebau Boumpoutou, Congolais de Brazzaville, s'est lancé à la quête d'un monde meilleur. Après le Sénégal, et la France où il a été formé en danse contemporaine, ce jeune chorégraphe a posé ses valises depuis six ans au Burkina Faso, pays qu'il a plusieurs fois représenté dans des festivals internationaux. Nous l'avons rencontré lors de la dernière biennale du festival « Danse l'Afrique danse ».

 

Les Dépêches de Brazzaville. Qu'est-ce qui a justifié votre départ du Congo pour vous retrouver aujourd'hui au Burkina Faso ?
Lebau Boumpoutou. Suite aux événements sociopolitiques qu'a connus mon pays, il me fallait attendre plusieurs années pour y vivre et y travailler, le temps que le pays se refasse une santé dans tous les domaines. Pour moi, cela n'a pas été facile d'attendre jusqu'à une date que personne ne pouvait imaginer. Cela m'a donc paru plus simple de quitter le pays pour aller chercher mieux ailleurs.

 

D.B. Ainsi vous avez choisi le pays des hommes intègres ?
L.B. Après le Congo, je suis allé d'abord au Sénégal où j'ai passé trois ans. J'ai eu l'occasion de représenter le Sénégal à un festival chorégraphique organisé au Burkina Faso, quand j'ai été sélectionné par la chorégraphe Irène Kassébéndo pour sa création « Carmen falinda awa ». C'est à ce moment là que j'ai découvert le Burkina Faso, un pays accueillant et ouvert à tous ceux qui souhaitent y séjourner. Sans trop de tracasseries administratives, finalement, j'ai décidé de poser mes valises dans ce pays qui est devenu du coup mon pays d'adoption où je me sens comme chez moi.

 

D.B. Avez-vous eu l'idée de repartir un jour au Congo ?
L.B. Je suis originaire du Congo, il faudra donc un jour que je pense à retourner vers mes racines. Mais je ne le peux pas tant que je n'ai rien comme héritage. Ayant vécu beaucoup d'années hors de mon pays, il vaudra mieux pour cela que j'ai un projet qui soit profitable pour mon pays, plutôt que de rentrer sans rien. J'avoue que j'ai bénéficié ici de beaucoup de choses, tant du point de vue intellectuel que du point de vue de ma vie quotidienne tout simplement.

D.B. L'héritage que vous évoquez, s'agit-il de votre expérience acquise en tant que chorégraphe ?
L.B. Au Congo, je faisais un peu de danse contemporaine, mais pas de façon vraiment professionnelle. Je me basais beaucoup plus sur la danse traditionnelle, par manque de connaissances en la matière. C'est au Sénégal et maintenant au Burkina Faso, que j'ai appris à connaître réellement ce qu'il y a derrière le terme de danse contemporaine, après les formations que j'ai suivies en France et ailleurs. Tout de même, je vois qu'il y a une évolution au Congo dans ce domaine, à travers des pièces qui ont été présentées au festival de Bamako que j'ai suivi avec beaucoup d'intérêt. Je tire un coup de chapeau à ces artistes congolais qui travaillent dans des conditions d'après guerre dans notre pays.

D.B. Avez-vous eu l'occasion de fréquenter le Congo depuis votre départ ?
L.B. Je suis allé deux fois au Congo. Comme je voyage toujours avec mon passeport congolais, j'y suis allé une première fois pour me faire établir un nouveau passeport, bien que cela ait pris trop de temps comparativement à ce qui se passe ailleurs. J'y suis retourné la dernière fois pour présenter mon solo au Centre culturel français de Brazzaville à l'occasion du festival Makinu Bantu d'Orchy Nzaba.

 

D.B. Que pensez-vous globalement de la culture congolaise ?    
L.B. Nos autorités savent ce qui se passe ailleurs, parce qu'ils voyagent pour participer aux événements d'enjeu international. S'il peut aider les artistes à sortir et aller à la rencontre du monde extérieur, le Congo y gagnera beaucoup. Car les artistes congolais méritent cela, au regard du talent dont ils ont toujours fait preuve pendant des années dans tous les domaines artistiques et culturels. Le Congo est un pays qui dispose d'un héritage important à exhiber à la face du monde. Mais cela dépend fondamentalement de la volonté politique de nos autorités nationales.

 

Propos recueillis par Jean Dany Ebouélé



04/01/2011
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